Le Domaine d’Isegorias » Le Lutin : le roi des Korrigans - Contes et légendes de Bretagne, Féerique

Le Lutin

Extrait de La Grande Encyclopédie des lutins

Un lutin
En fait, rien n’est plus compliqué que de les décrire mais tout devient d’une limpide évidence lorsqu’on a compris leurs règles.

TAILLE :
Il est petit et grand à la fois, d’un demi-pouce à trente centimètres.

ASPECT :
Il est unique et multiple à la fois, visible et invisible, propret mais sale nez et oreilles pointues. Mince et harmonieux. Oeil pétillant et rond comme une noisette. Doigts longs, agiles. Cheveux abondants et touffus. Il commence à vieillir vers trois cents ans. La barbe pousse et s’allonge en même temps que le crâne se dégarnit, et leur menu visage tout en pommettes et presque sans menton se fripe comme une vieille pomme réjouie. Prend du poids et du bedon avec l’âge.

VĂŠTEMENTS :
Haillons coquets de couleur verte et brune. Très grand bonnet pointu rouge ou vert . Poulaines rapiécées. Ils aiment courir tout nus dans la forêt. Si en échange de leurs services on leur offre des habits neufs, vexés, ils ne reviennent plus jamais. En été ils portent des justaucorps au suc des feuillages.

NOURRITURE :
Ils sont gourmands et reprennent dix fois de tout.

ACTIVITES :
Les Lutines, plus précisément les Lupronnes, aiment à prendre l’apparence de simples belettes, elles traversent des sentiers devant les promeneurs puis les narguent en faisant mille grâces et couperous. Is on vante leur joliesse, ravies, elles se rengorgent et envoient des baisers.
Les Lutins ne tiennent pas en place. S’ils ne travaillent pas, ils s’amusent beaucoup et se reposent rarement. Il est fréquent de les voir au fil des ruisseaux sur les radeaux des nénuphars, mais ils ne plongent jamais dans l’eau, comme le prouve leur visage toujours un peu sale.
Le Bona, lutin d’Auvergne, se plaît à emprunter l’aspect d’un cabrettaïre. Malgré tous ses magiques efforts pour grandir, il n’a jamais réussi à passer la taille d’un pied de quarante-deux centimètres. Les Chorriquets, Bonâmes, Penettes, Gullets, Boudig, Bon Noz s’occupent surtout du bétail et des chevaux.
Les lutins sont de très ingénieux teinturiers, ils connaissent les propriétés colorantes des écorces et les petits habitants du royaume forestier viennent fréquemment leur porter leurs habits pour les teintures de saison…
Mais leur activitĂ© principale est d’ “enlutiner” !

HABITAT :
Ils vivent dans des lutinières aussi grouillantes que d’immenses termitières, mais dans lesquelles le jeu et les cabrioles remplacent le travail. Elles sont bâties en dur, avec une espèce de torchis à base de glaise, de mousses et d’herbes parfumées, situées sous les collines, les talus, les pierres levées, dans les bois entre les racines de chênes ou d’ifs géants. Ils en sortent rarement, cependant on les trouve ici et là : dans les caves et les greniers, sous les lits, au fond des armoires ou de la boîte à ouvrage.
Les lutins vivent surtout en France, pourtant certains, attirĂ©s par les “verdoyantes fĂ©eries”, ont gangnĂ© le sud-ouest de l’Angleterre pour s’assimiler aux Pixies. On signale aussi un cousin Brag Ă  grelots dans le Yorkshire, deux ou trois Kwelgeert et Plageert en Flandres et quelques autres en Allemagne, en Italie.

MĹ’URS :
Espiègles, farceurs, un peu voleurs, taquins, fripons, lutineurs, ce sont aussi de courageux travailleurs, de redoutables guerriers. S’ils vadrouillent beaucoup derrière les filles et les fées, ils restent fidèlent toute leur vie à l’amour de leur lutine et les suivent dans la mort. Les lutins ne sont pas tout à fait immortels, ils peuvent succomber de mort violente, accidentelle ou de chagrin.
Grâce à une sorte de chapeau : le Tarnhelm, ils ont la possibilité de disparaître, ou de se transformer en humains ou en bêtes ou même en objets inanimés.
Les lutins ne sont pas craintifs ; on prétend cependant que si les poils de l’âne ne s’embrouillent jamais c’est qu’ils répugent à y toucher à cause du rôle de cet animal au moment de la Nativité.
L’odeur du crin brûlé par un cierge béni les éloignent des écuries.