Une histoire
Cette histoire s’est déroulée dans les landes du Loch, à Guidel. L’aventure commença lorsqu’un photographe baroudeur surgit dans la salle à manger d’un centre pour jeunes. Ce curieux personnage avait une lumière très spéciale dans les yeux ; on avait l’impression qu’il était encore émerveillé de ce qu’il venait de découvrir. Le photographe fit passer d’une main tremblante une photo sombre.
Sur cette dernière on pouvait discerner une silhouette blanche aussi grande qu’un coquelicot. Le chasseur d’images était en fait un passionné des légendes bretonnes. Après de nombreuses heures d’exploration de la région, il avait réussi à obtenir ce précieux cliché d’un korrigan. Voyant l’enthousiasme des jeunes face à ce phénomène, le photographe décida de leur proposer une expédition pour le soir même. C’est ainsi que se monta une expérience unique pour le photographe et ses nouveaux compagnons.
Arriva le soir et ses ombres féeriques, les jeunes se regroupèrent au pied du vieux chêne en attendant le retour de leur visiteur du midi. Ce dernier arriva enfin et le groupe se mit en route pour leur chasse aux Korrigans. Le pas était plutôt pressé; on sentait une certaine impatience. Quelques minutes plus tard, un bruit sourd retentit comme si une porte entre deux mondes s’était ouverte… Le photographe fit signe de se taire. Un farfadet apparut de nulle part et arrêta le groupe.
Le petit être dirigea le groupe vers une bâtisse en ruines près de laquelle était assis un homme en haillons. Un cercle ne tarda pas à se former autour de ce personnage mystérieux. L’homme sentit des regards posés sur lui. Il demanda qui l’observait. Le photographe prit la parole et expliqua qu’il était à la recherche des Korrigans.
A ce mot, le vagabond se leva brusquement et saisi son interlocuteur par le bras:
“Tu me parles des Korrigans du Loch, ceux qui détiennent le dernier ingrédient de la soupe de lumière? Cela fait plusieurs jours que j’erre à leur recherche avec l’aide de mon farfadet muet Nébéa. En effet seul leur roi Iségorias peut me venir en aide et me rendre la vue. Je suis aveugle depuis que des gnomes m’ont jeté un sort lorsque j’ai tenté de pénétrer leur cité. Ces maudits êtres ont utilisé le même sort que celui qu’ils ont employé pour rendre aveugle les taupes qui par leurs galeries connaissaient l’emplacement de leurs trésors.”
L’aveugle souleva un morceau de tissu et pris dans sa main une petite taupe morte.
“Celle-ci m’avait accompagné dans mon périple…Je ne veux pas finir comme elle sans avoir revu la lumière du jour. Je vais désormais vous proposer un marché: je vous emmène aux Korrigans et en échange vous m’aidez à rassembler les ingrédients nécessaires à la préparation de la soupe de lumière qui pourra me rendre la vue. ”
Le photographe se retourna pour demander leur avis aux jeunes. Face à la détresse du mendiant, le groupe consentit à aider l’aveugle dans sa quête.
“C’est d’accord, répondit le chasseur d’images, nous allons t’aider à retrouver la vue.”
“Très bien. Nébéa, apporte moi le parchemin sur lequel figure la recette.”
Le petit farfadet, en bondissant, donna le manuscrit à l’aveugle. Une fois le papier en main, l’aveugle s’exclama :
“Ah oui, j’avais oublié, je suis aveugle! ”
Le groupe s’esclaffa et le mendiant dût transmettre le parchemin au photographe. Ce dernier se rendit compte de la difficulté de la tâche à accomplir quand il parcourut la liste des ingrédients. Avant de partir en quête, l’aveugle choisit parmi les jeunes Jacques, dit Jacquot, qui devait le guider pendant la marche.
La bande pouvait désormais se mettre en route avec Nébéa le farfadet à sa tête.
